Chez Cousu Français, les jeunes entreprises que nous accompagnons sont souvent des coups de cœur. Il nous a donc semblé tout naturel de leur faire une place sur le mag’. Gaëlle, qui vient de lancer Petite Corto, une jolie marque de vêtements pour enfants, est la première à s’être prêtée au jeu de l’interview.

Comment t’est venue l’idée de créer Petite Corto ?

J’ai fait une école de mode (ESMOD) avec une spécialisation sur l’enfant. Puis j’ai travaillé dans de toutes petites marques de prêt-à-porter pour enfants mais je me suis vite rendu compte que rester assise derrière un bureau ne me correspondait pas. Du coup, j’ai arrêté et je suis devenue rédactrice mode/styliste photo à Paris pendant une dizaine d’années. En 2019, lorsque j’ai eu mon fils, je me suis intéressée à nouveau à la mode enfantine. Le Covid est arrivé et on s’est retrouvés du jour au lendemain avec mon mari à ne plus pouvoir travailler. On est partis se confiner chez mes parents à Pau, dont je suis originaire. Au bout de quelques mois, après avoir réalisé que le travail ne reprendrait pas tout de suite, on a décidé de déménager dans le Sud-Ouest. En reprenant une vie plus douce et proche de la nature, cette envie de créer est revenue. J’ai ressorti ma machine à coudre et je me suis mise à confectionner des vêtements pour mon petit garçon. Comme les gens dans la rue m’arrêtaient de plus en plus fréquemment pour me complimenter sur ses tenues et me demander d’où elles venaient, je me suis dit que j’allais tenter de faire des petites séries moi-même. Rapidement, par manque de technique et de temps, j’ai sauté le pas en m’entourant de professionnels et créé Petite Corto.

Comment décrirais-tu l’univers de ta marque ?

Rétro et élégant. Je suis assez nostalgique de l’élégance des enfants dans les années 20, 30, 40. J’ai essayé de m’en inspirer en rendant les habits plus confortables car je pense que l’important quand on est enfant c’est d’être libre, de pouvoir jouer, sauter dans les flaques, grimper aux arbres, se salir. Les vêtements Petite Corto sont élégants, certes, mais résistants. On peut les laver comme n’importe quels habits. Ils sont conçus pour être reportés par un frère, une sœur, un(e) cousin(e) ou donnés à des amis. Il s’agit d’éditions limitées ce qui fait que chaque pièce est un peu comme une petite œuvre d’art, un petit trésor dans le sens où on a envie de la chérir, de la garder précieusement.

L’univers de ma marque s’exprime beaucoup par les photos, la façon dont je mets les vêtements en scène : au milieu des fleurs, des champs. La nature joue toujours un rôle central. Chez Petite Corto, il y a le côté mode mais j’ai aussi vraiment envie d’insister sur le fait qu’on est là pour rendre service aux enfants avec des habits dans lesquels ils se sentent bien et libres.

Quelles sont tes sources d’inspiration ?

La nature, les uniformes, les vieilles photos. Y compris dans ma carrière de styliste, je me suis toujours inspirée des images du passé. Ça se voit également avec les tissus que j’utilise. Il y a beaucoup de motifs, de fleurs. J’adore mélanger les imprimés en gardant les mêmes tons. La prochaine collection sera très axée sur les uniformes.

Quelles valeurs souhaites-tu transmettre avec Petite Corto ?

Les vêtements que je crée visent à aimer, protéger et respecter les enfants et la planète. Chaque personne impliquée dans ce projet est importante. Je vois Petite Corto comme une grande famille qui partage les mêmes objectifs et idéaux.

J’opte pour des matières naturelles, je produis localement afin de limiter au maximum l’impact sur l’environnement et de préserver la santé des enfants. Mon but est aussi d’éduquer les tout-petits en leur apprenant dès maintenant à faire les bons choix.

Avec cette marque, j’ai également envie de transmettre de l’amour, de la bienveillance et de l’entraide. Sur le site de Petite Corto, il y aura un blog qui a vocation à être une communauté de mamans où l’on parlera de maternité. J’ai prévu d’y apporter des témoignages et des conseils de professionnels pour aider et donner des clés à celles qui endossent ce rôle pour la première fois.

Pourquoi accordes-tu de l’importance au Made in France ?

Parce que je vis en France et que je voulais faire fabriquer dans l’Hexagone. Cousu Français se trouve à 3 minutes à pied de chez moi donc c’était la solution idéale ! Il me tenait à cœur de soutenir un savoir-faire tricolore et de produire dans un endroit où je peux me rendre très facilement pour m’assurer que les personnes travaillent dans de bonnes conditions et sont justement rémunérées et pour nouer des liens avec elles.

Pour quelles raisons avoir choisi Cousu Français ? Qu’as-tu confié à l’atelier ?

Lorsque j’ai découvert Cousu Français par hasard en lisant un article dans La République des Pyrénées, je suis immédiatement allée voir Maly et Camille. À peine arrivée, ça été une évidence. Elle m’ont accueillie chaleureusement, j’ai aimé leur dynamique et l’histoire de l’atelier. On a les mêmes valeurs et les mêmes goûts, elles sont dans une démarche d’aide très bienveillante vis-à-vis des jeunes créateurs.

Je leur ai donné ma collection entière : salopettes, chemises, robes, bloomers, casquettes, bérets. Elles ont tout réalisé à part la maille. Je suis venue avec les patrons qu’elles ont repris un par un en corrigeant mes erreurs. On a fait le premier essayage sur mon fils et elles ont lancé la production.

Qu’as-tu pensé de ta collaboration avec Cousu Français ? 

Au-delà de la qualité du travail qui a été irréprochable à mes yeux, j’ai particulièrement apprécié le relationnel de Maly et Camille. C’est ce qui a fait la différence. On a pu échanger, elles ont été très présentes et à l’écoute. Elles ne se sont pas contentées de coudre les vêtements, elles ont pris le temps de me conseiller sur d’autres aspects du projet. Elles m’ont vraiment accompagnée de A à Z. J’espère sincèrement que l’on pourra travailler ensemble le plus longtemps possible.

Quels conseils donnerais-tu aux parents qui souhaitent habiller leur(s) enfant(s) de manière écoresponsable ?

Tout dépend de ce que l’on entend par écoresponsable : privilégier un tissu naturel ou bio ? Un vêtement conçu de manière éthique ? Plein de choses entrent en ligne de compte. On peut fabriquer en France mais en 100% polyester – une vraie catastrophe écologique ! Ce qui compte à mon sens, c’est l’ensemble. Mes tissus ne sont pas tous bio mais en 100% coton et transformés localement pour réduire l’empreinte carbone.

Je leur conseillerais surtout d’éviter d’acheter dans les grandes chaînes et de se concentrer sur l’essentiel d’un petit vestiaire. Et s’ils ont une bourse modeste, de favoriser le seconde main pour compléter.

Quels sont tes projets pour Petite Corto ?

L’année prochaine, je souhaiterais ouvrir une section seconde main afin d’offrir d’autres vies à mes vêtements et que les parents qui ont un budget serré puissent acheter du Petite Corto. À court terme, je voudrais étoffer la collection bébé, à moyen terme, créer une mini ligne pour les mamans et à long terme, peut-être proposer des accessoires de puériculture (ex : bavoirs, linge de lit).

J’aimerais que Petite Corto grandisse mais que la marque reste à taille humaine pour pouvoir continuer à être auprès de ma famille et à faire un travail qui me plaît tout en gardant ma liberté.